La quille :
La quille est en bois de Teck. Elle mesure 136 centimètres de section au milieu du
navire et possède une fausse quille en orme de 10 centimètres d'épaisseur. Formée
de sept morceaux assemblés à mi-bois, elle atteint 46 mètres de longueur.
Elle se prolonge à l'avant par l'étrave, de forme courbe, composée de
plusieurs pièces de chêne et à l'arrière par l'étambot, la plus grande pièce
de bois d'un seul tenant, longue de 9 mètres. Conformément aux règles
d'usage à l'époque, la largeur de la quille se rétrécit à chaque extrémité.
L'étrave est donc large de 46 centimètres. L'étambot mesure 92 centimètres par 42 centimètres
à sa base.
|
Le gouvernail :
L'étambot supporte le gouvernail, dont la tête du safran, dépassant à
travers le pont du carré des officiers, est masquée par une grande table.
|
|
|
Dans le faux-pont bas, part de la tête du safran la barre franche, énorme
madrier qui agit comme un levier pour l'orienter.
Sur l'avant, la barre franche glisse dans la tamisaille, son support en
arc de cercle, entraînée par les drosses qui transmettent les mouvements de
la barre à roue.
|
|
La coque :
|
|
La quille, l'étrave et l'étambot mis en place, la construction de la coque
commence par l'implantation des membrures en chêne, de plus de mille centimètres carrés
de section à la quille, dressées et maintenues en place par des accores.
La construction d'un navire tel que le H.M.S. Victory nécessite, rien
que pour la coque, 8500 mètres cubes de bois d'oeuvre, représentant plus de 8 hectares
de forêt de chênes.
Son vaigrage intérieur a une épaisseur moyenne de 13 centimètres et le bordé de 18
centimètres. Cela représente au niveau de la batterie inférieure, une épaisseur de
plus de 60 centimètres de protection pour les hommes d'équipage.
Sa figure de proue splendide commémore l'annus mirabilis (l'année
merveilleuse) 1759. Elle s'orne des armes de la Grande-Bretagne : « Dieu et
mon droit ».
|
|
La voilure et les mâts:
Le H.M.S. Victory a une voilure de trente-deux voiles différentes. Il
posséde trois jeux complets de voiles plus quelques-unes supplémentaires,
pour le temps calme par exemple. Un total de 16186 mètres carrés de toile à voile
frappé par des vergues horizontales sur quatre mâts (de la proue vers la
poupe : le beaupré, le mât de misaine, le grand mât et l'artimon).
Les pieds de mât sont constitués d'un certain nombre de pièces ajustées
et liées de place en place par un enroulement de cordage. Le diamètre au
pied du grand mât est d'un mètre. Les trois mâts verticaux s'élevent
respectivement à 55, 61 et 48 mètres au-dessus de la ligne de flottaison. La
grande vergue a une longueur de 31,2 mètres.
Des centaines de manoeuvres dormantes assurent la mâture et les espars; des
centaines de manoeuvres courantes orientent les vergues et serrent, ou
établissent, la voilure. Au total, 43 km de divers cordages gréent le
H.M.S. Victory.
|
Le cabestan et les ancres :
|
|
|
Un cabestan situé sur le pont principal permet d'effectuer tous les travaux
de force comme hisser les vergues.
Il peut être couplé à une cloche située en dessous dans la batterie
inférieure pour lever les ancres, de deux tonnes chacune. Le cabestan et sa
cloche possèdent chacun douze bars et chaque bar est prévue pour accueillir
six hommes.
|
Les câbles d'ancre de 4,5 tonnes et de 61 centimètres de circonférence,
fabriqués avec du chanvre de la meilleure qualité, sont trop gros pour
tourner autour de la cloche. Ils sont donc amarrés par de petites
cordelettes à la tournevire, cordage sans fin de 38 centimètres de
circonférence qui vire par quatre fois autour de la cloche. Les cordelettes
sont fixées puis détachées au fur et à mesure que le câble d'ancre remonte.
|
|
|
|
Une fois remontées, les deux ancres d'amarrage sont attachées aux bossoirs
d'ancre situés à l'avant de chaque côté du navire. Décorés habituellement
par un chat ou un lion, les bossoirs du H.M.S. Victory sont ornés
d'une couronne.
En plus des deux ancres d'amarrage, le H.M.S. Victory possède deux
ancres de veille.
|
|
|
Les ponts :
 |
 |
 |
Pont de dunette |
Gaillard d'arrière |
Gaillard d'avant |
Le H.M.S. Victory est ce que l'on nomme « un vaisseau à trois
ponts », bien qu'il en comporte en réalité cinq et même six à la dunette,
car ce qui entre en compte, est le nombre de ponts ou d'entreponts,
capables de recevoir des « batteries » pour l'artillerie du bord, donc des
ponts placés au dessus de la ligne de flottaison et capables de supporter le
poids des pièces d'artillerie. Ces ponts sont soutenus par d'énormes
madriers, les barrots.
 |
 |
 |
 |
 |
Pont supérieur |
Second pont |
Troisième pont |
Faux-pont |
La cale |
|
L'artillerie :
C'est le premier vaisseau de ligne à transporter 104 canons sur trois ponts.
Les canons les plus lourds sont placés plus bas pour stabiliser davantage le
navire.
|
L'artillerie est composée pour la première batterie de 30 canons de 32
livres. Chacun de ces canons pèse 3,5 tonnes (2,75 pour le canon lui-même et
0,75 pour son chariot en bois).
Ils tirent des boulets de 32 livres soit 14,5 kilogrammes. Propulsés par 5 kilogrammes
de poudre, ils sortent du canon deux mètres au-dessus de l'eau à une
vitesse de 487 mètres par seconde pour atteindre une distance de 1600 mètres
et pénétrer le chêne sur 60 centimètres.
Deux canons à l'arrière ne tirent pas depuis les flancs du navire mais sont
prévus pour tirer sur les navires « prenant chasse ».
|
La deuxième batterie est constituée de 30 canons de 24 livres. La troisième
batterie, sur le pont principal, comporte 22 canons longs de 12 livres et 8
canons courts de 12 livres. Devant la dunette, sur le pont des gaillards,
une batterie plus légère est formée par 12 canons courts de 12 livres et à
l'avant du navire se trouvent 2 caronades de 68 livres.
Ces deux caronades placés à l'avant du pont supérieur à bâbord et à tribord
sont réputés pour l'effet dévastateur de leurs boulets de 31 kilogrammes. Ces
canons lourds de portée réduite, surnommés « écraseurs », sont
utilisés avec un effet terrible dans les combats rapprochés.
|
|
|
Quelques particularités :
Il faut savoir qu'au long de son existence, l'artillerie du H.M.S.
Victory subira quelques modifications tant en fonction des
disponibilités des pièces et des munitions que des théories et philosophies
successives en matière d'artillerie.
Le H.M.S. Victory se différencie des vaisseaux de premier rang
construits précédemment par des sabords de batteries situés à 1,52 mètre
au-dessus de la ligne de flottaison, au lieu des 60 ou 90 centimètres
traditionnellement laissés auparavant.
L'excellent tracé de ses lignes d'eau en fera un navire facilement
manoeuvrable en dépit de sa taille, et, dans de bonnes conditions, il
naviguera aussi vite que beaucoup de ses confrères plus petits. Ses lignes
serviront d'ailleurs de modèle pendant encore plusieurs années après son
lancement.
D'autres différences avec les conceptions navales de l'époque, feront du
H.M.S. Victory un navire à voiles exceptionnellement stable et rapide
pour l'époque.
D'autre part, la longue période de construction (six ans) a entrainé une
longue période d'exposition à l'air du bois de la coque permettant un
séchage parfait. C'est l'une des principales raisons de sa longévité.
|